Botulisme : ce qu’il faut savoir

You are currently viewing Botulisme : ce qu’il faut savoir

En septembre 2023, alors que la métropole bordelaise se remplit au gré des matchs de rugby qu’elle accueille, plusieurs cas d’intoxications à Bordeaux.

Il s’agit de personnes qui ont consommé des conserves « maison » de poisson dans un bar du quartier Saint-Pierre de Bordeaux.

Les autorités sanitaires s’attachent à retrouver l’intégralité des clients qui auraient consommé ces mises en bouche.

C’est une course contre la montre afin qu’il n’y ait pas de retard de diagnostic et une prise en charge de toutes les victimes le plus tôt possible.

D’ores et déjà, il est à déplorer le décès d’une victime et plusieurs autres personnes sont actuellement en réanimation.

A l’heure de cet article, aucune information judiciaire n’a été ouverte mais cela ne saurait tarder.

Botulisme, qu’est ce que c’est ?

Il est défini sur le site de l’institut Pasteur : « affection neurologique grave provoquée par une toxine très puissante produite par la bactérie Clostridium botulinum. Celle-ci se développe notamment dans les aliments mal conservés, et la maladie résulte en général d’une intoxication alimentaire. Si le botulisme est rare, sa mortalité reste élevée quand le traitement n’est pas immédiat ».

C’est cette prise en charge tardive qui semble d’ailleurs être en cause dans le décès de la première victime à déplorer pour l’heure.

La période d’incubation s’étend de quelques heures à quelques jours, en fonction du mode de contamination. En général, les personnes ayant partagé les mêmes aliments manifestent des symptômes identiques, mais avec une sévérité variable.

Concernant les symptômes, il est décrit un atteinte oculaire (vision floue), une sécheresse buccale avec un défaut de déglutition voire d’élocution, puis une parésie à une paralysie des muscles.

Si ce n’est pas pris en charge, cela évolue vers une paralysie descendante des membres et des muscles respiratoires provoquant une insuffisance respiratoire entraînant le décès.

Le botulisme est défini comme rare en France à raison d’une dizaine de foyers par an, concernant en moyenne une à trois personnes.

Sont en cause la consommation de conserves, salaisons, et charcuteries dites maison, artisanales ou de la grande distribution ayant échappé au processus poussé de stérilisation.

Quelles conséquences sur la santé ?

Le traitement du botulisme est essentiellement symptomatique et requiert, dans les formes sévères, des soins respiratoires intensifs avec ventilation assistée comme c’est le cas pour plusieurs victimes aujourd’hui à Bordeaux.

L’institut Pasteur indique que la maladie est mortelle dans 5 à 10 % des cas.

Un sérum peut être indiqué dans les formes sévères mais son efficacité est conditionnée à une administration dans les 24 premières heures après l’apparition des symptômes, ce qui requiert un diagnostic rapide.

Si globalement, aucune séquelle n’est à déplorer si les victimes sont rapidement prises en charge, toutefois, la durée du traitement et de la convalescence peut durer plusieurs mois.

Un séjour prolongé dans un service de réanimation emporte avec lui de nombreuses conséquences sur le plan fonctionnel qu’il est nécessaire de compenser par des rééducations, allongeant d’autant plus la convalescence.

S’il existe un vaccin antibotulique, il est réservé à certaines catégories de personnes (les militaires par exemple), car potentiellement générateur d’effets secondaires importants tels que cela n’est pas proposé à la population générale (bénéfice cout / risque défavorable).

Quelles suites judiciaires ?

Eu égard à la gravité des conséquences pour les victimes, il est très probable que le Procureur de la république décide de l’ouverture d’une information judiciaire afin de déterminer les responsabilités à engager.

Des déclarations sont déjà parues dans la presse sur des comportements adoptés, lesquels ouvrent la porte à de possibles qualifications pénales.

C’est d’autant plus indiqué depuis qu’une victime a perdu la vie.

Dans le cas de l’ouverture d’une information judiciaire, un juge d’instruction sera désigné pour mener les investigations pertinentes.

En parallèle, et alors même qu’une indemnisation est possible par la voie pénale elle l’est aussi de manière autonome par la voie civile.

Saisir une juridiction civile a pour avantage la rapidité, sans attendre l’issue de la procédure pénale, qui peut prendre de longs mois voire des années.

Concrètement, il s’agirait de saisir le juge des référés pour demander la tenue d’une expertise médicale au cours de laquelle l’Expert aura pour tâche d’évaluer les conséquences de l’intoxication.

Sur la base du rapport, peut être formulée une demande d’indemnisation, permettant de compenser les pertes physiques et patrimoniales subies par la victime directe et les victimes par ricochet, le cas échéant.

Toutes ces démarches sont lourdes et peuvent nécessiter de se faire accompagner par un professionnel ; de nombreux conseils peuvent être donnés par votre Avocat.

Pour toute question ou information, contactez le cabinet.